Partie III : Les différentes théories des cordes ***** |
Lüders GERHART
TABLE DES MATIERES DE LA PAGE :
a) Les GUT (Grand Unified Theories)
b)Vers un univers supersymétrique
2. Théorie
de la supersymétrie et supergravité
b) Les symétries des théories supersymétriques
4. La
théorie de KALUZA-KLEIN (1919-1930)
5. La
théorie des cordes selon Edward Witten (1990)
b) Théorie des supercordes et espace-temps
a) Peut-il y avoir réellement une théorie unique?
b) Paradoxe fondamental de la théorie de l'unification
c) Paradoxe fondamental de la théorie de l'unification
______________________________________________________________________
Avant de commencer à dire quelques mots de ce qui semble être une des
expériences les plus excitantes de la physique contemporaine, je voudrais
insister sur un point qui ne m’avait pas paru clair au début de mes recherches.
Dans ce qui précède, j’ai parlé de l’effort des physiciens à essayer de trouver
une théorie commune aux deux grandes théories à l’heure actuelle : la
théorie de la relativité générale, théorie purement géométrique et qui régit
les particules dans l’infiniment grand ; et la théorie quantique, théorie
qui régit l’infiniment petit et qui n’est pas géométrique. Les physiciens ont
déjà constaté que ces deux théories se chevauchent étroitement dans certains
cas particuliers (je pense par exemple au phénomène d’évaporation des trous
noirs qui n’est explicable que par la mécanique quantique et surtout grâce au
fameux principe d’incertitude d’HEISENBERG)…ce qui permettrait de penser
qu’il existe bien une et unique force qui englobe ces deux théories apparemment
incompatibles. Mais d’un autre coté, il y a aussi les quatre grandes
interactions que l’on connaît, soit les interactions faible, forte et
électromagnétique, auxquelles on rajoute la gravitation. L’unification de celles-ci
en une seule théorie (dont le candidat le plus cohérent semble être à l’heure
actuelle la théorie des supercordes dont je parlerai dans la suite) et la
précédente tentative d’unification sont bien une seule et même tentative
d’unification.
Le modèle standard est un cadre théorique qui décrit
les interactions électromagnétique, faible et forte. Selon ce modèle, ces trois
interactions seraient intimement liées les unes aux autres de la même manière
que le sont les interactions électromagnétique et faible dans ce que l’on
appelle l’interaction électrofaible. Dit
autrement, les interactions électromagnétique, faible et forte seraient des
manifestations différentes d’une même interaction qui, à la suite de brisures
spontanées de symétries, se serait différenciée. Cette différenciation se
serait opérée en deux étapes :
1. Première brisure spontanée de symétrie à
une énergie de 1016 GeV résultant en la différenciation des
interactions forte et électrofaible,
2. Seconde brisure spontanée de symétrie à
une énergie de l’ordre de 103 GeV résultant en la différenciation
des interactions électromagnétique et faible (modèle de
Glashow-Salam-Weinberg).
Cependant, le modèle standard ne décrit la
super-interaction qui fédérerait les interactions électromagnétique, faible et
forte. Il se contente de fournir une explication possible de la différenciation
de cette interaction plus fondamentale. Dans le modèle standard, chaque
interaction sous-jacente (fédérerait les interactions électromagnétique, faible
et forte) conservent leurs propriétés intrinsèques.
Nous avons vu que l’interaction forte
pouvait être modélisée comme un champ de jauge dont le groupe de représentation
est SU(3) (rotations dans l’espace). De la même façon, l’interaction électrofaible
peut être représentée par le groupe U(1) x SU(2) (rotations dans le
cercle et dans le plan). Le modèle standard fait la synthèse de l’ensemble en
proposant des symétries locales (ou de jauge) dans le cercle, le plan et
l’espace. Le groupe de représentation est alors U(1) x SU(2) x SU(3). On le voit, les symétries de chaque
interaction sous-jacente sont conservée dans la nouvelle interaction unifiée.
Le modèle standard permet de rendre compte
de la plupart des phénomènes observés à ce jour, c'est-à-dire à des niveaux
d’énergie de l’ordre de 103 GeV. De plus, comme toute théorie de
jauge, il est renormalisable, c'est-à-dire que les quantités infinies qui
apparaissent dans les équations s’annulent mutuellement pour donner des
résultats finis, donc calculables et physiquement observables.
Le modèle standard constitue à ce titre
une grande avancée de la physique théorique mais reste un ensemble incomplet
qui ne permet pas de donner véritablement un cadre unifié pour les interactions
électromagnétique, faible et forte. Cette étape suivante sera franchie par les
théories dites de grande unification ou Grand
Unified Theories (GUT).
Il existe plusieurs théories ayant pour
objectif d’unifier les interactions électromagnétique, faible et forte.
Cependant, nous n’allons pas toutes les passer en revue. Nous nous limiterons à
la plus "populaire" d’entre elles : la théorie SU(5).
L’idée directrice des GUT est de réduire
encore le nombre de particules vraiment fondamentales. Avec le modèle standard,
le zoo des particules fondamentales se limitait
·
aux leptons
(électron, neutrino électronique, muon, neutrino muonique, tau, neutrino tau)
et leurs anti-particules,
·
aux quarks (quarks
u, d, s, c, b, t) et leurs anti-quarks,
·
aux bosons
des interactions (photon, Z0, W+, W-, gluons).
Toutes les particules observées sont alors
soit des leptons, soit composées de quarks. A noter que les leptons et les
quarks appartiennent à la famille des fermions (particules de spin
demi-entier).
Bien que le nombre de particules est très
réduit par rapport à la situation qui prévalait dans les années 60, les
physiciens ne pouvaient se satisfaire pour autant de l’existence de deux
familles de fermions distinctes : les leptons et les quarks. Cette distinction
ne peut s’expliquer par les théories existantes elles-mêmes mais nécessite
d’être posée de façon ad hoc.
Les GUT recherchent de nouvelles
symétries, englobant celles du modèles standard et les étendant bien au delà de
ce qui est du domaine observable par l'expérience (les niveaux d'énergie
auxquels apparaissent ces nouvelles symétries se situent aux alentours de 1016
GeV ce qui est très loin des possibilités expérimentales d'aujourd'hui). La
symétrie de base des GUT repose sur l'invariance des propriétés de la nature
par permutation d'un lepton et d'un quark. Aux niveaux d'énergies auxquels
intervient cette nouvelle symétrie (1016 GeV et au delà) les quarks
et les leptons deviennent identiques. Au dessous du seuil des 1016
GeV, les quarks et les leptons deviennent "différents" c'est-à-dire
que leur comportement physique est distinct. La symétrie qui permet de
confondre quark et lepton est donc spontanément brisée au-dessous du seuil
d'énergie de 1016 GeV.
Finalement, les théories de jauge et la
tentative d'unification des interactions nous enseignent un fait majeur : la
symétrie de l’univers croit avec les énergies mises en jeu dans les
interactions entre les particules. Mais rappelons nous que l’augmentation de
l’énergie nous rapproche des conditions physiques du « big bang ». Donc, on en
conclut que plus l’on se rapproche des conditions physiques du « big bang »,
plus l’univers est riche en symétries.
Dit autrement, si l’on part de l’instant
du « big bang », on constate qu’au contraire les symétries vont se briser
successivement au fur et à mesure que l’univers s’étend et se refroidit. En
d’autres mots, il perd en symétries au fil du temps.
Les GUT ont pour objectif d’unifier les
interactions faibles, forte et électromagnétiques. Il manque dans cette
énumération une interaction d’importance majeure : la gravitation !
Guidés par la démarche testée dans l’édification
de la théorie de l’interaction électrofaible, de celle du modèle standard et
des GUT, les physiciens ont déduit que l’incorporation de la gravitation au
corpus des interactions ou en d’autres termes, l’unification de l’ensemble des
interactions, nécessitait un plus grand niveau de symétrie encore. Ce niveau de
symétrie ultime devrait non seulement permettre de permuter n’importe quel
particule avec n’importe quelle autre, mais en plus, il devrait indifférencier
les champs de matière et celui créé par la gravitation, c'est-à-dire
l’espace-temps lui même ! ! !
La recherche de cette ultime symétrie est
l’objet de la théorie supersymétrique
(notée SUSY).
La supersymétrie a pour objectif d’unifier
toutes les interactions. Unifier toutes les interactions signifie en fait que
toutes les entités susceptibles d’interagir jouent exactement les mêmes rôles
vis-à-vis de l’interaction unifiée. Or, quelles sont les entités dont il s’agit
? On a :
·
Les quanta
de « matière » qui sont des fermions (particules de spin demi-entier),
·
Les quanta
de « force » qui sont des bosons (particules de spin entier),
·
L’espace-temps
au travers de la gravitation.
Dans le contexte de la théorie supersymétrique,
la matière, les « forces » et l’espace-temps jouent donc des rôles symétriques
et peuvent être intervertis dans les équations de la nature. C’est pour cela
que certains physiciens utilise le néologisme « matière-espace-temps » pour parler des entités physiques
manipulées par la théorie supersymétrique.
Concrètement, en quoi cela consiste ?
Les symétries auxquelles satisfont les
théories supersymétriques sont les suivantes :
·
Invariance par
permutation d’un fermion par un boson et vice-versa
·
Invariance
relativiste c'est-à-dire symétrie vis-à-vis des transformations de Poincaré
(transformation de Lorentz + translations)
·
Invariance
par transformations CPT (C = inversion de Charge, P = Parité, T = inversion du
Temps)
·
Symétries
associées à la conservation des nombres quantiques comme les charges,
l’isospin, etc.
Les théories supersymétriques permettent
effectivement d’unifier les quatre interactions fondamentales mais elles butent
sur la valeur infinie de certains résultats. Aujourd’hui, ces théories servent
de socle à la théorie des supercordes.
Dans la nature, de nombreux phénomènes
font intervenir une action à distance comme, précisément, la gravitation,
l'attraction et la répulsion électrostatiques ou magnétiques, etc. Prenons un
exemple accessible à l'expérience quotidienne : l'attraction de deux aimants.
Si l'on approche les pôles opposés de deux aimants, ils s'attirent. Cette
attraction est d'autant plus forte que la distance qui les sépare est petite.
Tout se passe comme si la "force" attractrice des aimants les
entoure, cette "force" étant plus intense lorsque l'on se rapproche
des aimants. On peut montrer que, pour un aimant donné, la "force"
attractrice en un point donné conserve toujours la même valeur (à condition,
bien sûr, de ne pas déplacer l'aimant !). Ainsi, il est possible d'associer à
ce point de l'espace une valeur unique qui indique la valeur de l'intensité de
la force d'attraction de l'aimant. L'ensemble des valeurs de l'intensité de la
force d'attraction en chaque point de l'espace est appelé un champ.
Cette définition a un caractère purement mathématique mais, comme nous l'avons
vu, elle repose sur l'observation de phénomènes physiques. Les valeurs
associées à chaque point de l'espace peuvent être des nombres réels (ou
scalaires), des vecteurs (valeur + orientation), des tenseurs (êtres
mathématiques plus complexes), etc. La figure ci-dessous représente un champ de
vecteurs.
Figure 1 : Un champ de
vecteurs
Au-delà de cette définition mathématique,
un champ est avant tout la manifestation d'un phénomène d'action à distance. La
description que donnent les physiciens d'une action à distance consiste à dire
que tous les ingrédients de cette action à distance sont déjà présents sous
forme de champ. Il ne reste plus qu'à introduire le second aimant pour que
l'action ait effectivement lieu. Le nom scientifique d'une telle action à
distance est interaction (mot à mot
: "action entre").
La description classique des champs amène
la remarque suivante. Un champ est continu dans l'espace, c'est-à-dire que les
variations des valeurs d'un point à un autre point infiniment voisin
s'effectuent sans sauts brutaux. Au contraire, ces variations sont
"douces", continues.
Les champs en physique classique possèdent
également la particularité d'être définis immédiatement dans tout l'espace. Si,
par exemple, la puissance de l'aimant croît brusquement, l'intensité du champ
magnétique augmente alors brusquement dans tout l'espace. En d'autres mots, les
variations de l'origine du champ sont répercutées immédiatement dans tout
l'espace. La vitesse à laquelle les variations sont répercutées dans l'espace
est donc infinie. Ce point est en totale contradiction avec le principe
relativiste selon lequel aucune information ne peut se déplacer à une vitesse
supérieure à celle de la lumière. Cependant, la description relativiste des
champs, tout en intégrant la notion de déplacement des variations du champ à
une vitesse finie (celle de la lumière) est, dans le fond, très semblable à la
description classique. Ce ne sera pas le cas avec la physique quantique !
Pour décrire le concept de champ en
physique quantique, prenons l'exemple d'un électron fixe. D'après la théorie de
l'électromagnétisme, l'électron crée un champ électrique autour de lui.
Supposons maintenant qu'un second électron s'approche du premier. Il va être
soumis au champ électrique de ce dernier. Les effets du champ électrique vont
se manifester par une modification de la trajectoire et une accélération du
second électron. D'un point de vue mécanique, on peut décrire l'interaction des
deux électrons par un transfert d'énergie et de variables dynamiques de l'un à
l'autre. Or, en physique quantique tout transfert d'énergie est réalisé par un
- ou plusieurs - quantum ! En d'autres mots, l'interaction des deux électrons
consiste en l'échange d'un quantum, c'est-à-dire finalement, en l'échange d'une
particule.
Figure 2 : Interaction entre
deux électrons
La particule échangée est baptisée le quantum de l'interaction. Comme les
électrons ne peuvent être distingués les uns des autres, il s'ensuit que
l'interaction de n'importe quel électron avec un autre électron impliquera le
même quantum d'interaction. De plus, l'interaction électrique des électrons est
déterminée par leur charge électrique exclusivement. On en conclut que toute
interaction causée par la charge électrique de particules implique le même
quantum d'interaction que celui qui a été mis en évidence dans le cas de deux
électrons. Nous verrons plus loin que ce quantum n'est rien d'autre qu'un
photon !!!
La physique quantique met en jeu des
énergies qui peuvent être très élevées, donc les vitesses des particules
impliquées appartiennent au domaine relativiste (c'est-à-dire proches de la
vitesse de la lumière). De ce fait, la physique quantique doit nécessairement
intégrer la théorie de la relativité, au moins restreinte. L'un des résultats
fondamentaux de la relativité restreinte est la célèbre équation E = mc2 qui traduit le fait
que la masse est de l'énergie et réciproquement, toute énergie peut
potentiellement prendre la forme d'une masse (de particules). En physique
quantique cette équation a des conséquences majeures car les quantités
d'énergie déployées lors des interactions ne sont plus négligeables en
comparaison de la masse des particules. Il en résulte que l'énergie impliquée
dans une interaction peut se matérialiser sous forme de particules. Il s'ensuit
que le nombre de particules après l'interaction peut être supérieur (parfois
même très supérieur) au nombre de particules avant l'interaction. Ce phénomène
est observé couramment dans les accélérateurs de particules.
L'interaction de n particules produisant m
particules met en jeu des mécanismes sans doute complexes que l'on n'appréhende
pas tous dans leur totalité. Aussi, les interactions sont souvent traitées
comme une "boîte noire" avec des particules en entrée et d'autres en
sortie. Cette "boîte noire" possède une représentation mathématique
nommée la matrice
de diffusion ou matrice S (S pour "scattering" qui signifie" diffusion).
Figure 3 : Interactions
entre particules dans une "boite noire"
Pour passer de n particules
en entrée à m particules en sortie (n et m étant différents) il faut que
certaines particules disparaissent et d'autres soient créées. Comme nous
l'avons dit plus haut, la mécanique quantique ne permet pas de prédire les
phénomènes avec certitude mais fournit seulement les probabilités pour que ces
phénomènes se produisent. Les mêmes n particules en entrée, se trouvant dans
les mêmes états physiques (les physiciens disent "les mêmes conditions
initiales") vont pouvoir produire une multitude de résultats différents en
sortie. La mécanique quantique permet de calculer la probabilité pour que
chacun de ces résultats se réalise. La situation se complique encore davantage
quand on a à l'esprit qu'un même résultat en sortie peut mettre en oeuvre des
mécanismes intermédiaires différents. Finalement, la probabilité d'obtenir un
résultat donné en sortie est donc la somme des probabilités de l'occurrence de
chaque mécanisme intermédiaire aboutissant à ce résultat. Il suffit donc de
recenser l'ensemble des mécanismes intermédiaires possibles, d'en calculer la
probabilité puis d'en faire la somme, pour connaître la probabilité pour qu'une
interaction donnée ait lieu.
Cette procédure paraît simple sur le
papier mais dans la réalité le recensement des mécanismes intermédiaires
aboutit à un nombre infini ! Pour
comprendre cet état de fait, reprenons le cas de notre électron et du champ
électrique qu'il crée autour de lui.
Comme nous l'avons déjà expliqué, plus on
se rapproche de l'électron et plus l'énergie de l'interaction croît au point
que cette énergie est susceptible de se matérialiser sous forme de paires
particule-antiparticule. A partir d'une certaine distance - notée de dans
le schéma ci-dessous - l'énergie est suffisante pour provoquer la création
spontanée de paires électron-antiélectron. Puis avec l'accroissement de
l'énergie, la formation de particules plus lourdes est possible. Toutes ces
particules et anti-particules créées spontanément participent à l'interaction
et doivent être prises en compte dans le calcul de la matrice de diffusion. Or,
plus l'on se rapproche de l'électron, plus le nombre de paires
particules-antiparticules augmente. Comme la physique moderne modélise les
particules élémentaires par des objets ponctuels sans dimension, l'énergie peut
donc croître jusqu'à l'infini (1/r = infini pour r = 0); le nombre de
particules créées spontanément peut donc devenir infini. Ce phénomène de
création spontanée de particules est à l'origine des difficultés rencontrées
pour le calcul de la matrice de diffusion S (les physiciens identifient ces
difficultés en parlant des "divergences de la
matrice de diffusion").
Figure 4 : Energie
disponible à la périphérie d'un électron
Figure 5 : Création
spontanée de paires de particule-antiparticule à la périphérie d'un électron.
Les physiciens sont cependant parvenus à mettre au point une technique
mathématique permettant de supprimer les termes infinis dans le calcul de la
matrice de diffusion (qui donne, rappelons-le, la probabilité pour qu'une
interaction ait lieu). Cette technique s'appelle la renormalisation.
La renormalisation a été appliquée avec succès à l'interaction
électromagnétique mais cette technique ne fonctionne pas avec toutes les
interactions.
Quintessence moderne des efforts
des physiciens pour comprendre la structure de la matière et ses interactions
fondamentales, la "théorie des cordes et des supercordes" a ouvert la
voie à une investigation de questions aussi essentielles que la dimensionnalité
de l'espace-temps, la grande unification ou l'évolution de l'Univers. Les
théoriciens du SPhT contribuent de façon active, à la fois à la caractérisation
des théories invariantes conformes qui sous-tendent la théorie des cordes, à sa
renormalisation et à la construction explicite de modèles de cordes à
4 dimensions.
La théorie des cordes sommeillait
depuis plus de quinze ans quand elle s'est trouvée brusquement propulsée au
premier plan de l'actualité scientifique. En 1984, deux théoriciens,
Michael Green et John Schwarz, ont alors montré qu'elle pouvait fournir une
nouvelle voie d'accès à un problème fondamental et resté sans réponse depuis
Albert Einstein : réconcilier la mécanique quantique avec la relativité
générale, unifier la théorie de la gravitation avec les autres interactions
fondamentales de la matière. On peut dire que c'est le début de la réalisation
d'un rêve inaccessible, le fameux "champ unique" recherché en vain
par le sage de Princeton dans les vingt dernières années de sa vie. Une
véritable aventure conceptuelle s'engage donc, mais avec la perspective de
prolongements concrets dans la mesure où les nouveaux accélérateurs de
particules comme le LEP à Genève et le SLC aux Etats-Unis, pourraient bientôt
ouvrir la voie des vérifications expérimentales. Cinq ans après la percée
théorique, et quelque temps avant les premiers résultats expérimentaux, on peut
faire un rapide et provisoire bilan dans ce domaine où se sont lancées les
meilleures écoles de physique théorique du monde entier.
Figure 6 : Surface d'univers
balayée par des particules en forme de corde au cours de leurs déplacements et
de leurs interactions dans l'espace-temps (l'axe horizontal représente le temps
l'axe vertical les dimensions d'espace). Les cordes fermées balaient des
surfaces qui sont des cylindres déformés. Lorsque deux cordes se rencontrent,
elles se rejoignent en formant une troisième corde : deux cylindres forment un
troisième cylindre. Quand deux cordes se séparent, elles créent un trou dans la
surface d'univers.
L'idée centrale de la théorie des
cordes est de ne plus considérer comme constituant fondamental un objet
ponctuel se déplaçant dans le temps (une particule élémentaire) mais comme un
objet filiforme, une corde.
La "corde élémentaire"
peut s'étirer, se tordre, vibrer, se diviser ou fusionner au cours du temps en
engendrant des surfaces à deux dimensions qui vont jouer dans la mécanique des
cordes le rôle des trajectoires pour les particules élémentaires (fig. 22 et
fig. 23). En fait, ces cordes sont extrêmement petites, ce qui ne permet pas de
les distinguer des particules élémentaires dans toute expérience directe. Ce
qui est spécifique aux cordes qui obéissent aux équations de la Mécanique
Quantique Relativiste, c'est qu'elles déterminent en grande partie
l'Espace-Temps dans lequel elles se meuvent et les interactions auxquelles
elles sont soumises !
Figure 7 : A très petite
échelle les particules élémentaires ne seraient pas ponctuelles mais auraient
la forme de cordes infiniment minces. L'interaction entre deux cordes
s'effectuerait par l'intermédiaire de processus de "cassure" et de
"collage" et elle procéderait par échange de "bouts de
cordes". Conséquence importante il n'y a plus séparation entre
"constituants de la matière" et "médiateurs des
interactions"; il n'y a plus qu'une seule classe d 'objets, les cordes.
Il faut en effet distinguer ce
qu'on appelle la "dimension intrinsèque" d'un objet comme une particule
ou une corde en mouvement et la "dimension de l'espace de plongement"
dans lequel elles se meuvent. Le fait nouveau, c'est le lien remarquable entre
les deux. Ainsi, la théorie des cordes, dans sa première version, impliquait un
espace-temps à 26 dimensions, alors que la supercorde, ou corde possédant un
degré de liberté de rotation (spin), vivait dans un espace-temps à 10
dimensions. La gravitation quantique, mais aussi l'électromagnétisme et les
interactions nucléaires deviennent alors de simples conséquences de la
géométrie et de la quantification du mouvement de la corde. La grande intuition
d'Einstein, selon laquelle la Géométrie devrait être le principe unificateur de
la matière et de ses interactions, et qui fut à la base de ses découvertes des
théories relativistes, prouve une nouvelle fois sa fécondité.
Dès les premières études sur la
théorie des supercordes, il est apparu une transformation radicale du rôle de
l'espace-temps : de nouvelles dimensions spatiales (six) étaient requises et il
fallait imaginer un processus de "compactification" de ces dimensions
supplémentaires pour comprendre leur absence à l'échelle expérimentale, même
microscopique. A l'échelle où la gravitation devient unifiée avec les autres
interactions, ces dimensions peuvent prendre une réalité tangible.
Cette conception s'est depuis
lors encore modifiée, car la structure de l'espace-temps dans lequel se meut la
supercorde apparaît encore plus versatile puisqu'elle admet plusieurs
géométries différentes (de sphère, de tore ou plus complexes encore) ou peut
correspondre à des géométries qui peuvent fluctuer. Le concept qui a
progressivement émergé est celui d'une propriété intrinsèque de la supercorde,
non dépendante de son "plongement" : l'invariance conforme, c'est-à-dire
l'invariance dans les transformations d'échelle locale. C'est comme si en
chaque point de l'espace-temps, la corde pouvait s'étirer ou se froncer sans
changer ses propriétés observables. Et c'est cette propriété serpentine qui
caractériserait au mieux l'espace de plongement. D'une certaine manière, la
boucle est bouclée : déjà rendue conceptuellement caduque (mais pas en pratique
bien sûr) par la Relativité, la conception newtonienne d'un espace-temps
intangible dans lequel se meuvent les objets est remplacée par une définition
intrinsèque venant de l'objet lui-même, de l'espace dans lequel il se meut.
Mais parmi tous les "espaces invariants conformes", lequel se trouve
choisi par les équations de la supercorde ? La question reste actuellement en
suspens.
Elle fait suite à une première
étape qui permet de recenser et étudier tous les espaces admissibles. Nul
besoin d'en souligner l'enjeu ! Il s'agit rien de moins que de comprendre
pourquoi ce bas-monde "vit" en quatre dimensions et peut-être de saisir
les clés profondes de notre univers. Beaucoup d'obstacles sont encore à
franchir mais pourquoi se priver du plaisir de rêver avec notre vieil et
respecté ami Einstein !
Il existe un grand nombre de théories des
cordes, dont deux seulement semblent les plus proches de la réalité. Elles
reposent toutes sur l'idée de ne pas considérer les entités élémentaires de la
physique comme des particules ponctuelles (de dimension 0) mais des cordes qui
formeraient des boucles d'une taille finie, de l'ordre de la longueur de Planck.
Ces cordes vibreraient comme des cordes de violon, et des différents modes de
vibration donneraient naissance aux spins 0,,,... et aussi dans les versions supersymétriques aux spins 0,,,... La physique changerait de nouveau son paradigme, avec
des entités élémentaires qui ne seraient plus des particules ponctuelles mais
des cordes minuscules. La théorie mathématique utilisée est la théorie des
surfaces de Riemann à deux
dimensions, les quatre dimensions de l'espace et du temps n'émergeant que comme
concepts secondaires.
Une corde typique serait si petite qu'il
faudrait en mettre 1020 bout à bout pour atteindre le diamètre d'un
simple proton. Il n'existe sur Terre aucun moyen de tester en laboratoire de
façon expérimentale la structure de la matière à cette échelle, il faudrait
pour cela un accélérateur de particules plus grand que la Terre elle-même.
Alors que le chemin d'une particule normale dans l'espace temps est une ligne
(ligne d'univers), le chemin d'une corde sera une surface bidimensionelle (feuille d'univers), une bande ou un cylindre selon le type
de corde. Deux morceaux de cordes peuvent s'ajouter pour former une seule
corde. De même, un morceau de corde peut se diviser en 2 cordes. Ainsi,
l'émission ou l'absorption d'une particule par une autre peut se traduire en
terme de "cordes" par la division ou la jonction de cordes.
Les théories des cordes
semblent cependant n'être valables que si l'espace temps possède 10 ou 11
dimensions au lieu de nos 4 habituelles! Si elles existent pourquoi n'en
voyons-nous que 4, 3 pour l'espace et une pour le temps? En fait, on suppose
que les autres dimensions sont courbes dans un espace de très petite
taille ; et puis d’ailleurs, nous autres simples humains, avons été
habitués à notre petit espace à trois dimensions auquel s’ajoute le temps. Plus
de quatre dimensions nous seraient donc de toute façon inconcevable
mentalement.
En fait, on imagine que dans
un univers primitif toutes les dimensions étaient sous cette forme, c’est à
dire de très petite taille (de l’ordre de 10-30 au mieux…) et que
certaines dimensions (les quatre que nous voyons) se sont ouvertes, d’où la
différence entre les cordes dites fermées et celles dites ouvertes dont nous
reparlerons un peu plus bas.
Historiquement, la théorie des cordes a été élaborée
par VENEZIANO en 1968 pour tenter d’expliquer le confinement des
quarks dans les hadrons. Veneziano avait introduit les cordes pour tenter
d’expliquer pourquoi les quarks restaient confinés dans les baryons
et les mésons.
Les cordes jouaient le rôle de « ressorts » tendus entre les quarks, les maintenant
ainsi dans un espace confiné. Avec la construction de la chromodynamique
quantique, la théorie des cordes fut abandonnée, cependant certains résultats
théoriques éveillèrent l’intérêt des physiciens. En effet, en 1969 SCHWARZ et
SCHERK montrèrent que les cordes fermées, c'est-à-dire en forme de boucle se
comportaient comme des particules de masse nulle et de spin 2. Par conséquent,
les cordes fermées n’étaient rien d’autre que des gravitons! La théorie des
cordes enfermait donc en elle-même la gravitation, sans devoir l’introduire de
façon ad hoc.
Figure 8 : Les cordes dans
un hadron
Deux types de cordes sont envisageables : ouverte
ou fermée. Une corde typique serait si petite qu'il faudrait en mettre
10e20 bout à bout pour atteindre le diamètre d'un simple proton. Il n'existe
sur Terre aucun moyen de tester en laboratoire de façon expérimentale la
structure de la matière à cette échelle, il faudrait pour cela un accélérateur
de particules plus grand que la Terre elle-même.
Alors que le chemin d'une particule normale
dans l'espace temps est une ligne (ligne d'univers), le chemin d'une corde sera
une surface bidimensionelle (feuille d'univers), une bande ou un cylindre selon
le type de corde. Deux morceaux de cordes peuvent s'ajouter pour former une
seule corde. De même, un morceau de corde peut se diviser en 2 cordes. Ainsi,
l'émission ou l'absorption d'une particule par une autre peut se traduire en
terme de "cordes" par la division ou la jonction de cordes.
Figure 9 : Les deux types de
cordes, ouverte ou fermée
Ainsi, dans un modèle proposé en 1988, la
lumière, décrite par des cordes ouvertes, peut se propager dans les trois
dimensions qui nous sont familières, alors que la gravitation, représentée par
des cordes fermées, peut se propager dans les dimensions parallèles envisagées
par la théorie des cordes.
L'idée d'un nombre de dimensions supérieur
à 4 apparaît dans les années 1920 avec le mathématicien germano-polonais Theodor KALUZA dès 1919 et le
physicien suédois Oskar KLEIN dès 1926 qui ont tenté d’unifier de manière
géométrique (la théorie de la relativité générale permettant d’interpréter la
gravitation comme une déformation de l’espace-temps causée par la présence de
matière et/ou d’énergie, la gravitation se ramène alors à un phénomène purement
géométrique) les interactions électromagnétique et gravitationnelle à partir du
formalisme de la relativité générale. Les équations de celle-ci telles que
formulées par A. Einstein, ne parvenant pas à fournir une telle description
géométrique pour l’électromagnétisme,
Kaluza et Klein ont alors eu l’idée de rajouter une cinquième dimension
à l’espace-temps et de façon très surprenante, ils parvinrent à un résultat
satisfaisant.
Bien évidemment, cette cinquième dimension n’a
jamais été observée de par ses dimensions, mais Kaluza et Klein proposèrent que
cette dimension additionnelle pouvait être enroulée sur elle-même en tout point
de l’espace dans un cylindre dont le diamètre serait de l’ordre de 10-35 m.
Mais vers 1930, la théorie Kaluza-Klein tomba dans
l'oubli ou plutôt s'effaça devant la déferlante de la mécanique quantique.
Les physiciens mathématiciens sont très
intéressés par les implications de cette théorie des cordes : tout en fournissant une explication du
comportement connu de particules comme les électrons et les protons, elle donne
une description de la gravitation en termes de comportement de cordes vibrantes
ayant la forme de boucles. De nombreux physiciens estiment que les supercordes
constituent donc le meilleur espoir de pouvoir développer un jour une "théorie
du tout" fondamentale. Les physiciens mathématiciens sont cependant très
intéressés par les implications de la théorie des cordes : tout en fournissant
une explication du comportement connu de particules comme les électrons et les
protons, elle donne une description de
la gravitation en termes de comportement de cordes vibrantes ayant la forme
de boucles. De nombreux physiciens estiment que les supercordes constituent
donc le meilleur espoir de pouvoir
développer un jour une "théorie du tout" fondamentale.
Les différentes particules que nous
connaissons apparaîtraient alors comme différents modes de vibration d'une
corde (de la même façon que chaque mode vibration d'une corde de guitare
correspond à une note). La multiplicité des théories pose la question : une des
théories est-elle plus exacte que les autres? La réponse fut apporté grâce au
travaux de plusieurs équipes dont notamment de E. Witten. En fait chacune des théories est un cas particulier
d'une théorie plus générale utilisant la supersymétrie.
Selon la
théorie de Kaluza-Klein, la symétrie propre à l’électromagnétisme -
rotations dans un cercle ou groupe U(1) - serait réalisée dans la cinquième
dimension qu’ils ont ajoutée. Dans notre espace-temps à 4 dimensions, cette
symétrie n’apparaît pas de façon explicite dans les équations de la relativité
générale. La cinquième dimension imaginée par Kaluza et Klein joue donc le rôle
de l’espace des phases de l’électromagnétisme. En quelque sorte, au travers de
cette théorie, l’espace des phases de nature purement abstraite prendrait une
forme réelle (bien que situé dans une cinquième dimension enroulée sur
elle-même ! !). Jusqu’à présent, aucune expérience n’a permis de mettre en
évidence la cinquième dimension de la théorie de Kaluza-Klein car ses dimensions
sont beaucoup trop petites pour être accessibles par nos moyens technologiques.
Figure 10 : Groupe U(1) dans
la théorie de KALUZA-KLEIN
Cependant la supergravité à onze dimensions
fut abattue en 1984, quand on lui découvrit une grave insuffisance. Dans le
monde réel, la gauche et la droite ont une importance : les lois qui décrivent
l'interaction nucléaire faible se modifient quand on les examine dans un miroir
; les neutrinos, par exemple, ont toujours un spin gauche. Or Edward Witten et
d'autres physiciens observèrent que cette "hélicité" ne s'expliquait
pas par une réduction du nombre de dimensions de onze à quatre...
Physicien
et mathématicien né en 1951 et enseignant à l'université de Princeton, Edward
Witten est considéré comme l’un des plus éminents spécialistes de la physique
théorique. En 1990, il a reçu la médaille Fields, l'équivalent du prix Nobel
pour les mathématiques, pour ses modélisations de la théorie des cordes.
Sa théorie représente les particules
élémentaires de la physique par des cordes extrêmement petites (100 milliards
de milliards de fois plus petites qu'un noyau d'hydrogène) évoluant dans un espace
étrange à 10 ou 26 dimensions, pouvant vibrer à différentes fréquences ou
"résonances".
Pour décrire les mouvements vibratoires d'une corde, il faut représenter un
espace avec un grand nombre de dimensions. La topologie (science de l'"étude
des lieux" et qui est une sorte de "géométrie de situation")
joue ici un rôle majeur car elle permet d'imaginer comment, à l'intérieur de
ces cordes, on peut voyager dans des mondes aux dimensions différentes.
L'intérêt de la théorie des cordes pour les
théoriciens de la physique est qu'elle surmonte et par là même unifie les deux
grandes théories de la physique moderne, celle de la relativité générale et
celle de la mécanique quantique. Elle modifie notre compréhension de
l'espace-temps et notamment envisage ses autres aménagements possibles.
Une théorie des cordes devrait satisfaire
les conditions physiques suivantes:
Remplir ces trois conditions tiendrait du
miracle, mais ce miracle semble bien être en train de se produire, tout au
moins dans un espace-temps à dix dimensions où une théorie unique des
supercordes semble s'être fait jour, à la suite des travaux de GREEN et
SCHWARTZ, en automne 1984.
L'espace-temps qui émerge de
cette théorie des cordes unique ayant dix dimensions, il faudrait une
"compactification" de six dimensions pour retomber dans notre
espace-temps. Et il restera encore à descendre de la masse de Planck jusqu'aux
particules W et Z, soit environ 10² fois la masse du proton. Malheureusement,
l'unicité qui rendait la théorie des cordes si attachante à dix dimensions ne
semble pas survivre au retour à quatre dimensions: dans ce cadre, un million de
théories au moins semblent aussi défendables les unes que les autres. C'est un
obstacle théorique que les cordes doivent maintenant affronter (sans parler du
problème expérimental que pose la construction d'un accélérateur particulaire
capable d'atteindre l'énergie de Planck (il devrait être long de dix années
lumières…). De plus, les cordes pourraient-elles fournir la Théorie du Tout qui
engloberait toutes les particules sources connues, les quarks, les leptons, les
messagers connus et les Higgs plus toutes leurs interactions mutuelles?
La théorie des cordes n’était pas
relativiste, c'est-à-dire que la description des cordes ne répondait pas aux
exigences d’invariance par transformation
de Lorentz (schématiquement, une transformation de Lorentz consiste en la
contraction des distances et la dilatation des temps, conformément à des
formules de transformation qu’il n’est pas nécessaire de détailler ici). Le
monde de la physique entreprit de faire de la théorie des cordes une théorie
relativiste donnant ainsi naissance à la théorie
des supercordes.
La théorie des supercordes devaient
également incorporer les dernières avancées théoriques sur le front des
symétries. Ainsi, on imposa aux supercordes d’obéir à la supersymétrie, d’où le
nom de supercordes.
Figure 11 : Simulation
numérique d'une corde
Selon le modèle de la nouvelle théorie,
les supercordes sont des cordes vibrantes de taille minuscule (~ 10-33
cm). Il existe deux types de cordes : les cordes ouvertes et les cordes
fermées.
Comme les cordes d’un instrument de
musique, les supercordes peuvent vibrer selon plusieurs modes. Le premier mode comprend un ventre et deux noeuds (les
ventres sont les points où l’amplitude de l’oscillation est la plus forte, les
noeuds sont les points où cette amplitude est nulle, comme c’est le cas aux
extrémités de la corde vibrante). Le second mode comprend deux ventres et trois
noeuds. Le troisième mode trois ventres et quatre noeuds et ainsi de suite.
Chaque mode de vibration correspond à un
type de particule.
La modélisation théorique des supercordes
laisse la liberté de choix de certains paramètres initiaux, que l’on appelle
traditionnellement des conditions aux limites. Notamment, le mouvement des
extrémités des supercordes n’est pas soumis à des contraintes rigides posées a priori mais peut être considéré comme
un paramètre libre de la théorie. On distingue ainsi deux types d’extrémités
pour les supercordes ouvertes :
1. Celles qui peuvent se déplacer mais en étant
entraînées uniquement par le mouvement de la supercorde. Elles obéissent à la condition aux
limites de Neuman.
2. Celles qui restent fixes dans un
hyperplan. Elles répondent à la condition aux
limites de Dirichlet.
L’interaction entre deux supercordes prend
une signification physique très simple. Lorsque deux supercordes interagissent,
elles se fondent l’une à l’autre. Elles peuvent par la suite se scinder de
nouveau en une ou plusieurs supercordes. Dans tous les cas, les processus mis en
jeu sont intuitivement simples.
Figure 12 : Interaction et
fusion entre deux cordes
Très schématiquement, les supercordes
présentent deux intérêts majeurs :
1. Les cordes fermées possèdent les mêmes
propriétés que les gravitons et peuvent donc être assimilées comme tels.
2. Les cordes sont des entités physiques
ayant une dimension non nulle, alors que les particules, selon l’acceptation
courante, sont ponctuelles et sans dimension.
La première propriété permet à la théorie
des supercordes d’inclure naturellement la gravitation.
La seconde propriété permet de
s’affranchir de toutes les difficultés inhérentes à la nature ponctuelle des
particules, notamment les divergences dans le calcul des probabilités de diffusion
(divergences de la matrice S). Le développement perturbatif d’une interaction
selon la théorie des supercordes donne un résultat fini qui est illustré dans
la figure suivante.
Les physiciens ont appliqué les principes
de la théorie de Kaluza-Klein à la théorie des supercordes. Ainsi, pour chaque
symétrie respectée par les supercordes, ils ont ajouté une dimension dans
l’espace-temps dans laquelle se réalise cette symétrie. Lorsque l’on fait la
somme des dimensions additionnelles nécessaires, on obtient le chiffre
extraordinaire de 7! Ce qui est extraordinaire ce n’est pas la valeur
particulière de ce chiffre, mais le fait que l’univers ainsi obtenu possède
alors 11 dimensions…
Si l’on reprend la représentation de l’univers que
propose la théorie de Kaluza-Klein, en chaque point de l’espace-temps de la
théorie des supercordes 7 dimensions s’enroulent sur elles-mêmes sur une
distance de 10-33 cm. Cette longueur est précisément celle des
supercordes. Pour les supercordes donc, l’univers tel qu’elles le « perçoivent
» est « complet » puisqu’à leur échelle les 7 dimensions enroulées sur
elles-mêmes sont bien réelles et « palpables ».
En fait, il semble qu'il y ait 3
possibilités:
Cette version est défendue
par certains affirmant que si un ensemble de lois décrivaient le fonctionnement
de l'univers, cela enfreindrait la liberté de Dieu, fut effacé en redéfinissant
le but de la physique c'est à dire: de formuler un ensemble de lois capables de
prédire les événements seulement dans les limites du principe d'incertitude.
§
Il n'y a pas de théorie
ultime de l'univers, juste une suite infinies de théories partielles qui
décrivent l'univers plus ou moins précisément.
Cependant il semble vraiment
que la séquence de théories de plus en plus raffinées doivent connaître
quelques limites dans le futur. En effet, la gravité parait fournir une limites
à cette séquence de "poupées russes". Si l'on avait une particule
avec une énergie supérieure à l'énergie de Planck (10e10 GeV), sa masse se
retrancherait elle même du reste de l'univers et formerait un trou noir. Bien
sur, l'énergie de Planck représente un long chemin à partir des énergies
obtenues actuellement avec nos accélérateurs (~100 GeV), mais tous laisse
penser qu'une théorie universelle existe.
Les notions relatives aux théories
scientifiques supposent que nous sommes des êtres rationnels, libre d'observer
l'univers comme nous le voulons et de tirer des conclusions logiques à partir
de ce que nous voyons. Donc, si une théorie complètement unifiée existe elle
est vraisemblablement capable de déterminer nos actions. Ainsi, la théorie elle
même devrait déterminer l'aboutissement de notre recherche la concernant!
Les notions relatives aux théories scientifiques supposent que nous sommes des êtres rationnels, libre d'observer l'univers comme nous le voulons et de tirer des conclusions logiques à partir de ce que nous voyons. Donc, si une théorie complètement unifiée existe, elle est vraisemblablement capable de déterminer nos actions. Ainsi, la théorie elle même devrait déterminer l'aboutissement de notre recherche la concernant!