Chapitre
III : Les trois
effets HALL et le solide de WIGNER ***** |
table des matières de la page :
2. L’effet
HALL quantique (à suivre)
3. L’effet
HALL fractionnaire (à suivre)
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On appelle effet
HALL l’apparition d’un champ électrostatique EH = lorsqu’un conducteur dont les porteurs ont une vitesse v est soumis à l’action d’un champ magnétique B
crée par l’extérieur. Cet effet HALL est indissociable de la loi de Laplace
(action d’un champ magnétique sur un courant).
Prenons le cas suivant
d’un prisme à section rectangulaire où circule :
Figure 1 : Effet HALL classique
En régime permanent,
nous avons l’apparition d’une force électrostatique Fe
pour faire équilibre à la force de Lorentz FL :
FL + Fe = 0 ; avec FL
et Fe qui valent respectivement et – eEH.
Par
conséquent : EH = qui est appelé champ de HALL.
Comme j = -nev et on tire que EH = et UH =- EH .auy = .
On définit aussi la résistance
de HALL comme suit :
La relation fondamentale de l dynamique nous
donne : grâce à l’approximation des régimes quasi-stationnaires (qui
reste une approximation raisonnable pour des régimes sinusoïdaux et dont les
fréquences vont jusqu’aux 1010 Hz).
En y remplaçant j par j
= -nev, nous obtenons : . On reconnaît la résistivité, et en posant, on obtient finalement :
Un ensemble d'électrons parcouru
par un courant présente, lorsqu'il est placé dans un champ magnétique, une
tension dans la direction perpendiculaire au courant. Cette tension, appelée
tension de Hall est proportionnelle au courant et au champ magnétique (cela
permet de mesurer des champs magnétiques).
A basse température et pour un
plan d'électrons, la tension de Hall n'est plus proportionnelle au courant mais
présente des paliers lorsque le rapport courant/tension est un multiple entier de
e2/h, e étant la charge de l'électron et h la constante de Planck. Ceci est
appelé l'effet Hall quantique entier. Klaus von Klitzing a eu le prix Nobel en
1985 pour cette découverte.
En champ magnétique encore plus
élevé, d'autres paliers existent pour des valeurs non entières mais
rationnelles du rapport courant/tension. Nous avons un effet Hall quantique
fractionnaire.
En 1934, Wigner prédit, dans le
régime quantique, une transition liquide-solide dans un plasma d'électrons à
deux dimensions. Cette transition a été observée pour la première fois par une
équipe du S.R.M.
A température proche du
"zéro absolu", les propriétés physiques d'un plasma d'électrons
confiné à deux dimensions varient de façon spectaculaire en fonction de la
densité surfacique ns et du champ magnétique perpendiculaire à la
surface H.
En champ et température nuls et
pour une densité importante, l'énergie cinétique des électrons (énergie de
Fermi proportionnelle à ns) domine la répulsion coulombienne et
impose un état liquide. On peut imaginer que chaque électron, ne pouvant être
dans le même état que son voisin, s'agite dans l'espace qui lui est laissé par
les autres.
Figure 2 : Représentation des états d'un système bidimensionnel d'électrons. L'expérience décrite par cet article correspond au passage de A vers D via C.
Quand la densité diminue,
l'interaction coulombienne entre les électrons qui est proportionnelle à ns1/2
devient prédominante. Les électrons restent alors suffisamment loin les uns des
autres et s'ordonnent (Fig. 1-B) : un cristal est formé.
Si le liquide de Fermi est bien
connu, il n'existe pas encore de système de densité faible où la solidification
peut être observée.
En présence d'un champ magnétique
H, la force de Lorentz, en obligeant chaque électron à décrire une orbite
cyclotron fermée de rayon inversement proportionnel à ce champ (ils oublient de
s'agiter car ils doivent tourner), va donner le coup de pouce nécessaire pour
que l'interaction coulombienne devienne prépondérante (Fig. 1-C ou 1-D), et
ordonne le centre des orbites.
Figure 3 : Evolution du spectre d'absorption radio-fréquence à 28 teslas en fonction de la température.
Figure 4 : Diagramme de phase température-facteur de remplissage déduit de l'ensemble des résultats. L température réduite est donnée par T/Tmc où Tmc est proportionnelle à 1/ns.
Le paramètre important est n = (ns/H)(hc/e)
appelé facteur de remplissage : n est le nombre d'électrons par site occupé par un quantum de
flux Øo = h/e.
·
Pour
n très grand (champ faible), nous
avons un liquide.
·
Pour
n de quelques unités, l'état fondamental
reste liquide mais les électrons sont répartis sur des niveaux discrets
d'énergie (niveaux de Landau) très dégénérés. Seul un faible désordre lève
cette dégénérescence. Un effet spectaculaire apparaît : l'effet Hall quantique (voir encadré).
·
Lorsque
n diminue encore (n < 1), des électrons
indépendants occuperaient des états ayant tous la même énergie (niveau de
Landau fondamental), mais en réalité la dégénérescence est levée par l'interaction
coulombienne : on obtient un liquide très corrélé qui permet l'existence de
l'effet Hall fractionnaire. Cet effet est maintenant compris comme un effet
collectif des électrons : le champ magnétique localise partiellement ces
particules, ce qui leur permet d'être corrélées sous l'action de la force de
Coulomb. Nous avons là un effet précurseur de la solidification.
·
A
plus haut champ, pour n
= nc << 1, les électrons s'ordonnent en
un état cristallin.
Afin de diminuer l'effet de
désordre (on aimerait obtenir un cristal et non un "verre"
d'électrons), des hétérojonctions GaAs/GaAlAs ultra pures ont dues être
réalisées (Laboratoire de Microélectronique et de Microstructures, CNRS
Bagneux). Un plan d'électrons, de densité de l'ordre de 1011e/cm2
a pu être obtenu à l'interface de la jonction. Le champ critique Hc
correspondant à nc
est inférieur à 30 teslas, ce qui est tout juste dans la limite actuelle
des champs disponibles (S.N.C.I. Grenoble).
Une difficulté réside dans la
caractérisation du solide à deux dimensions. La méthode choisie est d'appliquer
une force de compression périodique produite par une onde électromagnétique
propagée dans une ligne de transmission, et la force de Lorentz la transforme
en force de cisaillement. La mesure de l'absorption par le système d'électrons
de cette onde en fonction de sa fréquence permet de caractériser sans ambiguïté
l'état solide. Le liquide répond de façon visqueuse, tandis que le solide
répond de manière élastique et manifeste une absorption résonante d'énergie à
une fréquence donnée (Fig. 2).
Des mesures à très basse
température (< 80 mK) et à champ variable (de 0 à 28 teslas) ont permis de
tracer un diagramme de phase pour un tel système (Fig. 3). La très basse
température est nécessaire pour empêcher l'agitation thermique de venir
perturber l'état ordonné.