Chapitre
II : Les étoiles à neutrons ***** |
Sous l'effet de
l'effondrement gravitationnel d'un cœur de plus de 1,4 Masse solaire, la
matière est contrainte de prendre un état dégénéré : les électrons ne peuvent plus
rester sur leurs orbites autour des noyaux (il leur faudrait une vitesse
supérieure à celle de la lumière pour répondre au principe d'exclusion) et sont
forcés de pénétrer dans les noyaux atomiques, fusionnant ainsi avec les protons
pour ne plus laisser place qu'à des neutrons confinés.
Le
principe de Pauli que nous avons vu tout à l'heure interdit aussi à deux
neutrons de se trouver dans le même état au même endroit. C'est lui qui va
permettre au résidu de l'étoile de compenser la force de gravitation par la pression de
dégénérescence engendrée par ces neutrons.
On obtient ainsi une étoile dite 'étoile à neutrons', dont le
diamètre est de l'ordre de 10 à 20 kilomètres pour une masse équivalente à
celle du Soleil, qui se présente sous la forme d'une bille lisse et dure,
où la plus grosse montagne ne dépasse pas le micron. L'écorce de l'étoile
se compose essentiellement de fer.
Dans une naine blanche, nous avions de la
matière électronique dégénérée. Ici, c'est de la matière
baryonique dégénérée à laquelle nous avons affaire. La compacité de
celle-ci est encore supérieure :
Suite à
l'explosion de la supernova, l'étoile à neutrons se crée à une température
probablement supérieure à 1000 milliards de degrés. Elle va refroidir très
rapidement, en moins de 1000 ans, jusqu'à 1 million de degrés. Par la suite, sa
température évoluera beaucoup plus lentement.
Au
moment de sa création, cette étoile à neutrons va "récupérer" le
mouvement de rotation de l'étoile initiale grâce à la conservation du moment
cinétique. Elle va ainsi tourner sur elle-même très rapidement. Par exemple le
pulsar du Crabe tourne à la vitesse de 30 tours/seconde.
On
pensait jusqu'à très récemment que l'étoile à neutrons commençait par tourner très
vite sur elle-même, et ralentissait ensuite avec le temps. Si ce scénario
semble acceptable pour une étoile à neutrons isolée, dans le cas d'un système
binaire où le compagnon est une étoile de petite taille, des effets de couplage
magnétique avec le disque d'accrétion qui va se former semblent être la cause
d'une accélération de la vitesse de rotation de l'étoile à neutrons.
L'intense
champ électrique et magnétique qui entoure l'étoile va générer un faisceau
étroit de lumière, dans le domaine des radiofréquences, qui va balayer le ciel
de la même manière que le faisceau d'un phare balaye la mer. On appelle ces
étoiles des pulsars.
Parce
que l'axe magnétique du pulsar n'est pas aligné avec son axe de rotation,
l'émission radioélectrique due aux particules chargées piégées dans les
lignes de champ magnétique balaye le ciel, comme la lumière d'un phare
balaye la mer.
Certains
pulsars peuvent tourner jusqu'à plusieurs centaines de tours par seconde. La
rotation d'un pulsar est extrêmement régulière et peut servir d'horloge
cosmique.
En
particulier, le système PSR 1913+16, composé de deux pulsars en rotation l'un
autour de l'autre, a permis de mesurer les très faibles effets des ondes
gravitationnelles prévues par la relativité générale.
Bien que les étoiles à neutrons
possèdent toutes un champ magnétique extrêmement intense - plusieurs millions
de fois le champ terrestre - certaines d'entre elles en ont un encore plus puissant
: on les appelle des magnétars, et on pense que des "tremblements de
terre" à la surface de ces étoiles génèrent des sursauts de rayons X et
gamma en ralentissant la rotation de l'étoile. C'est le phénomène des SGR :
Soft Gamma Repeater, ou des AXP : Anomalous X-rays Pulsars, encore mal expliqué
de nos jours.