Chapitre
III : Une étoile particulière :
Le Trou Noir ***** |
table des matières de la page :
1. Quelques notions préalables
b) Le diagramme espace-temps de
Penrose
d) Le temps imaginaire de Hawking
et Hartle
b) Les caractéristiques d’un trou
noir
c) La violation de la loi de
conservation baryonique.
3. Les problèmes des trous noirs
4. Les différents types de trous
noirs
a) Le trou noir de Schwarzschild
b) Le trou noir de
Reissner-Nordstrøm
5. A l’intérieur d’un trou noir
8. Un trou noir…pas vraiment
noir !
___________________________________________________
Le diagramme espace-temps est une façon
simple de représenter un continuum espace-temps comme celui dans lequel nous
vivons. On se limite en général à une
seule dimension d'espace pour simplifier.
Celui-ci est du au physicien anglais Roger
Penrose. Il s'agit d'un diagramme espace-temps que l'on a fermé (au sens
mathématique) en "ramenant" les infinis sur des droites.
Un tel diagramme n'a pas pour but de
représenter exactement l'univers, mais simplement d'indiquer des relations
causales. Voici un tel diagramme, toujours avec une seule dimension d'espace.
Un résultat remarquable de la Relativité
Générale, c'est que le temps propre s'écoule d'autant plus lentement que le
champ gravitationnel local est élevé. Ainsi, pour un observateur extérieur,
le temps apparent d'un objet distant placé dans un champ gravitationnel
ralentit au fur et à mesure qu’il se rapproche de l’origine de ce champ: une
horloge placée à proximité d'un trou noir voit son temps propre ralentir, et
l'observateur placé au loin la voit retarder.
Ce phénomène va avoir pour conséquence de
ralentir la fréquence d'une onde lumineuse émise par un objet pris dans un
champ de gravitation ; en d'autres termes de décaler vers les grandes longueurs
d'onde le spectre d'émission.
Ce décalage est appelé redshift
gravitationnel, par analogie avec le redshift dû à l'expansion de
l'univers ou à l'effet Doppler.
Sachant que l'énergie d'un photon est proportionnelle à sa fréquence (), on peut interpréter le redshift gravitationnel comme la
perte d'énergie subie par le photon pour s'extraire du champ gravitationnel (dans
le cas où il a suffisamment d’énergie pour y échapper). Cet effet est
évidemment faible pour les champs gravitationnels habituels tel que celui de la
Terre, mais il prend une importance considérable au voisinage d'un trou noir.
S. Hawking a imaginé ce concept de temps imaginaire pour essayer de trouver une
solution à ces problèmes de discontinuités de l’espace-temps entraînées par la
courbure de ce dernier par des corps trop denses ou trop énergétiques. Ce temps
se courberait aux discontinuités du temps réel, formant une boucle sur lui-même
(un eu comme la terre qui a une surface finie mais sans bord ni limites)…et ne
comportant pas par conséquent de discontinuités.
Figure
1 : le temps imaginaire de
Hawking et Hartle
Ce temps
imaginaire sera probablement aussi naturel aux prochaines générations que la Terre
est ronde…ce qui n‘était absolument pas admis à une certaine époque. Il est
possible que l’idée d’un espace temps clos sur lui-même comme le fait
apparaître aux discontinuités le temps imaginaire permettrait de faire la somme
des histoires de Feynman sur l’Univers.. permettant alors de comprendre par
exemple si l’Univers a eu un jour un début ou pas…
Par définition, c'est une région de l'espace dotée d'un champ
gravitationnel si fort qu'aucun corps ni aucun rayonnement ne peut s'échapper
de son voisinage.
Ils sont considérés comme le stade ultime
d'une étoile massive s'effondrant sur elle-même sous l'action de la gravité.
En effet, la relativité générale prédit
que les étoiles massives vont s’effondrer sur elles-mêmes lorsqu’elles auront
épuisé leur combustible nucléaire. Les travaux réalisés par S. Hawking et
Penrose montrent qu’elles continueraient à s’effondrer jusqu’à ce quelles
atteignent un état de densité infinie. Cette singularité représenterait une fin
des temps, du mois pour l’étoile. Le champ gravitationnel de la singularité
serait si intense que la lumière ne pourrait pas s’échapper de toute une région
environnante, mais resterait captive. La région d’ou rien ne pourrait
s’échapper s’appelle un trou noir et sa
frontière l’horizon d’événement (il a été
démontré que sa surface ne peut pas dépendre du temps et reste donc constante,
ainsi que si deux trou noirs venaient à fusionner, leurs horizon serait plus
grand que la somme des deux horizons initiaux). Toute chose qui traverserait
cet horizon pour tomber dans le TN arriverait à une fin du temps à la
singularité.
L'existence des trous noirs fut prédite en 1916 par
l'astronome allemand Karl Schwarzschild,
sur la base de la théorie de la relativité générale. La notion classique
d'espace-temps n'a plus de signification à proximité d'un trou noir. Un corps ou un rayonnement qui pénètre dans un trou noir ne peut théoriquement plus en
sortir en raison de la force gravitationnelle considérable du trou noir. Ainsi,
un trou noir déforme la structure de l'espace-temps dans son voisinage et la
trouerait même ! On peut comparer cette déformation de l'espace à celle
que produirait un tourbillon, dont le centre serait le trou noir.
Lorsqu'une étoile s'effondre
pour donner un trou noir, tout ce qui concerne sa géométrie, sa composition...
est perdu.
Les TN n'ont encore jamais été observés
pour la simple et bonne raison que leur densité produit une telle force
d'attraction qu'elle empêche la lumière elle même de s'échapper. On peut
cependant dire qu'un certains nombres de phénomènes cosmiques (fortes émissions
de rayons X) nous laissent penser que les trous noirs existent bel et bien (Il
y aurait même certainement un au centre de notre galaxie).
La première piste qui
laissait penser qu’il pouvait exister un lien entre horizon d’événement et
thermodynamique est apparue en 1970 lorsqu’il a été prouvé mathématiquement que
plus de la matière ou du rayonnement tombaient dans le trou noir, plus la
surface de l’horizon d’événement augmentait aussi. D’autre part, le fait que
lorsque deux TN qui fusionnent donnent
lieu à un autre TN d’horizon d’événement plus grand que la somme des deux
précédents a permis de faire le rapprochement entre a superficie de cet horizon
et et le concept d’entropie introduite par Boltzmann en thermodynamique. Jacob
Bekenstein remarqua en 1972 que lorsqu’un TN est crée par effondrement
gravitationnel, il s’installe rapidement dans un état stationnaire caractérisé
par les trois paramètres suivants :
§
sa masse,
§
sa charge électrique
§
son moment angulaire.
Hormis ces trois
caractéristiques, le TN ne conserve aucune autre caractéristique de l’objet
dont il est issu. Ce théorème démontré conjointement par Hawking, Carter et Israel
implique par conséquent qu’une grande quantité d’information est perdue lors de
cet effondrement : la composition (matière ou antimatière), forme,
couleur, température,… initiaux. Un TN pourrait donc provenir d’une quantité
infinie de types différents d’objets stellaires si les effets quantiques
étaient négligés. En effet, il semblerait que pour qu’un TN puisse s’effondrer,
les particules doivent avoir une
longueur d’onde inférieure à
celle du TN résultant, et alors le nombre de configurations initiales
deviendrait fini.
La raison pour laquelle un
TN se souvient de ces trois caractéristique est que celles-ci sont couplées à
des champs à longue portée : le champ électromagnétique pour la charge et
le champs gravitationnel pour la masse et le moment angulaire.
Pour continuer dans le
rapprochement avec la thermodynamique, Bekenstein proposa de définir l’entropie d’un trou noir comme étant le logarithme de ce nombre de configurations
initiales. Celui mesurerait alors la quantité d’informations perdues lors de
l’effondrement, puisque plus ce nombre est faible, plus le nombre de
configurations l’est aussi, et par conséquent plus on a perdu
d’informations : l’entropie d’un TN serait varierait comme l’inverse de la quantité d’informations perdues. Dans ce
cas, puisque cette entropie est proportionnelle à la surface de son horizon
d’événement, cela signifie qu’elle doit être finie, et que par conséquent sa
température serait homogène et constante...ce qui n’est pas compatible avec
l’idée généralement admise que le TN ne peut rien renvoyer. Ce point sera
développé un peu plus tard, au chapitre VI.
Des expériences
menées par Robert H. Dicke de Princeton et V. Braguinsky de l’université d’état
de Moscou ont montré qu’il n’existe pas de champ à longue portée associé aux
propriétés quantiques désignées pas le nombre baryonique. Par conséquent un TN
initialement constitué d’un ensemble de baryons oublierait son nombre
baryonique et serait alors constitué d’un nombre égal de baryons et
d’autibaryons…violant du même coup la loi de conservation du nombre baryonique,
une des plus importantes de la physique des particules.
En 1916, l'astronome allemand Schwarzschild,
en s'appuyant sur les travaux d'Einstein, a calculé quelle devrait être la
taille d'un astre, pour que la vitesse de libération de celui-ci devienne égale à
celle de la lumière.
Cette vitesse est une limite que rien ne peut dépasser, d'après la théorie de
la relativité.
On sait, de plus, que la
taille d'une étoile à neutrons diminue avec la masse, parce que la gravitation
finit par l'emporter sur la pression de dégénérescence.
Si la masse d'une telle étoile augmente,
il va donc arriver un moment, appelé limite d'OPPENHEIMER-VOLKOFF, où la vitesse de
libération de cette étoile va devenir égale à celle de la lumière, et où rien
ne pourra plus s'échapper de l'étoile.
Si rien, pas même la lumière
en théorie, ne peut s'échapper, cette étoile devient donc invisible : c'est ce qu'on
appelle un trou noir. Ce trou noir n'a pas de surface matérielle ; la matière
même qui venait de l'étoile initiale est réduite à un point de densité infinie,
la singularité.
La "surface" du trou noir est
appelée l'horizon, sa taille est appelée 'rayon de
Schwarzschild' et vautoù G est la constante de gravitation est M est la masse de
l’étoile. Tout ce qui passe derrière l'horizon n'a aucune possibilité d'en
sortir et augmente la masse de celui-ci.
Nous allons nous intéresser
dans la suite successivement aux trois "espèces" de trous noirs :
·
Le trou noir statique, non chargé, dit de Schwarzschild.
·
Le trou noir chargé, dit de Reissner-Nordstrøm.
·
Le trou noir en rotation, dit de Kerr.
Comme nous l’avons annoncé un peu plus
haut, un trou noir de Schwarzschild est un trou noir statique, non chargé. C'est le modèle le plus simple et le plus facile…et aussi malheureusement celui
qui n’existe pas dans la réalité.
Il doit son nom à l'astronome allemand
Schwarzschild, qui le premier a réussi à résoudre les équations de la
Relativité Générale au voisinage d'un objet massif situé dans un espace vide de
matière.
Considérons un observateur s'approchant du
trou noir. Que va-t-il observer ?
·
En premier
lieu, il va être confronté à des forces de marée : ces forces sont générées par
la différence de valeur de la gravitation entre deux points qui ne sont pas à
la même distance du corps massif qui l'attire. Sur Terre, ces forces sont
insignifiantes, mais ici elles prennent des valeurs énormes à mesure que l'on
se rapproche de l'horizon.
·
S'il regarde
un objet qui s'approche du TN, il va voir que la lumière émise par celui-ci est
décalée vers les grandes longueurs d'onde par effet de redshift gravitationnel.
En présence d'un TN, ce décalage va tendre vers l'infini. Comme le temps
observé ralentit lui aussi, l'observateur va voir l'objet s'approcher de
l'horizon du TN sans jamais l'atteindre, avec un rayonnement de fréquence de
plus en plus faible.
Attention : pour l'objet en question, le temps n'a pas la même valeur, c'est un
des aspects de la Relativité. A bord de cet objet, la traversée va durer un
temps fini, et même assez bref, compte tenu de l'accélération due à la
gravitation intense.
·
En
continuant sa descente, il va croiser la sphère des photons. Autour d'un corps
massif, un objet quelconque peut se satelliser pourvu qu'il ait la bonne
vitesse correspondant à son altitude. Plus il est bas, plus il doit aller vite.
Autour d'un TN, la gravité est telle qu'il existe une altitude où la vitesse de
satellisation est égale à celle de la lumière : il s'agit de la sphère des
photons, ainsi nommée puisque seuls ceux-ci peuvent aller à la vitesse de la
lumière et ainsi orbiter à cette altitude autour du trou noir. Cette sphère
n'étant qu'une limite immatérielle, les orbites sont très instables.
·
Il va ensuite traverser l'horizon des événements. A ce moment-là, il ne
peut plus revenir en arrière. Au moment du franchissement de l'horizon, il y a permutation
de l'espace et du temps : ce qui était devant l'observateur devient son futur.
De manière simple, cela signifie qu'il ne peut rester immobile, et qu'il n'a
aucun moyen de ne pas se précipiter dans la singularité. Celle-ci est dite de
type spatiale.
Ce diagramme correspond à un univers ne possédant qu'un seul trou noir
éternel situé à la distance r =0.
Nous allons
maintenant représenter l'espace autour d'un TN à l'aide d'un diagramme
espace-temps de Penrose, en utilisant le système de coordonnées de Kruskal.
Les diagonales épaisses
représentent l'horizon du trou noir. Si quelque chose traverse celui-ci selon
la trajectoire bleue, il ne peut plus revenir en arrière, et n'a d'autre choix
que de heurter la singularité.
Sur le diagramme de Penrose, nous pouvons
observer deux choses :
·
Il apparaît
sur la partie gauche du diagramme une région symétrique de notre univers, que
l'on peut appeler un univers parallèle.
Ces
deux univers ne peuvent avoir aucun contact, sauf à l'intérieur de l'horizon du
trou noir.
A l'inverse du trou noir, il
n'est possible que d'en sortir, puisqu'on ne peut pas remonter le temps.
Dans un tel cas, le trou noir n'est
plus éternel, il n'apparaît qu'à partir du moment de l'effondrement de
l'étoile. Il n'y a alors plus ni trou blanc, ni
univers parallèle qui apparaissent.
Ce schéma correspond-il
à la réalité ?
En fait, il y
a une hypothèse que nous avons faite pour établir ce diagramme, c'est que le TN
était éternel. Ceci ne correspond pas à la réalité d'un TN issu de
l'effondrement d'une étoile.
Une autre manière de se représenter un TN,
c'est d'utiliser un diagramme espace-temps (ici avec deux dimensions d'espace),
sur lequel nous allons dessiner les cônes de lumière des différents points
autour du TN.
Rappelons nous qu'autour d'un TN, l'espace-temps lui même est déformé,
obligeant la lumière à se détourner de la ligne droite habituelle.
L'espace-temps
d'un TN est courbé de telle manière qu'il oblige les cônes de lumière à se
diriger vers "l'intérieur". A une distance caractéristique de la
singularité, ces cônes sont si inclinés que leur "coté extérieur"
est vertical dans le diagramme ci-contre. Ces "cotés" forment une
surface (c'est le cylindre dessiné ici). C'est cette
surface qui s'appelle l'horizon du TN.
Sur cette surface, la lumière
reste immobile par rapport à l'espace extérieur. Comme la vitesse de celle-ci
est invariante dans tous les repères, on en déduit alors que l'horizon lui-même
se déplace à la vitesse de la lumière dans l'espace-temps déformé par le trou
noir.
Lorsque le trou noir possède une charge
électrique, la solution de Schwarzschild n'est plus valable.
Nous avons maintenant deux horizons
distincts. Lorsque l'on charge le trou noir, l'horizon des événements se rétrécit,
et il en apparaît un second juste au dessus de la singularité. Plus le trou
noir est chargé, plus les deux horizons se rapprochent. La sphère des photons
existe toujours, mais n'est pas représentée ici.
Figure 2 : Les deux horizons d'un trou
noir.
La conséquence la plus importante de ceci,
c'est que la permutation de l'espace et du temps qui apparaît à la traversée de
l'horizon a cette fois lieu deux fois : dans la sphère délimitée par l'horizon
intérieur (parfois appelé horizon de Cauchy), l'espace et le temps ont
repris leur rôle habituel, et il devient possible d'éviter la singularité, qui
est dite de type temporelle.
Si le trou noir est
suffisamment chargé, les deux horizons disparaissent : on a alors une
singularité nue. De nombreux physiciens pensent que ceci n'est pas possible,
l'univers s'appliquant une autocensure.
Nous reparlerons de ceci plus loin, dans le cas du trou noir en rotation.
Si le trou noir chargé est
étudié comme un modèle, il apparaît peu probable qu'il en existe réellement.
L'étoile qui lui aurait donné naissance aurait du être chargée électriquement,
ce qui semble peu vraisemblable.
L'idée du trou
noir est le résultat de calculs de la relativité générale, dus à Schwarzschild.
Celui-ci avait calculé la taille de l'horizon d'un trou noir statique. Kerr a
perfectionné ces calculs dans le cas où le trou noir est en rotation.
La déformation
de l'espace-temps prend dans ce cas un autre aspect, et la singularité n'est
plus concentrée sur un point mais sur un cercle à l'intérieur de l'horizon.
Dans ce cas,
l'espace-temps est non seulement déformé 'en entonnoir', mais en plus, il
s'enroule pour suivre la rotation du trou noir.
Un rayon
lumineux qui irait droit vers le trou noir suivrait en fait la ligne
d'espace-temps dessinée ici en rouge. C'est le modèle le plus réaliste, dans la mesure où l'étoile qui a donné
naissance au trou noir était en rotation.
Il doit son nom au mathématicien
néo-zélandais Roy Kerr, qui le premier, en 1963, a réussi la résolution des
équations de la Relativité Générale au voisinage d'une masse en rotation.
Figure 3 : le trou noir de KERR.
La résolution de celles-ci fait apparaître
un phénomène étrange : aux alentours d'un objet massif en rotation,
l'espace-temps lui-même, déformé par la masse, est entraîné en rotation.
Bien sur, cet effet est négligeable au
voisinage de la Terre ou même du Soleil, mais auprès d'un trou noir, il en va
tout autrement.
La première chose qui
surprend l'observateur s'approchant d'un tel trou noir, c'est la présence de
deux sphères des photons (dans la géométrie de Kerr, ce que l'on appelle une
sphère est en fait un ellipsoïde) : selon que les photons du plan équatorial
orbitent dans le sens de rotation du trou noir ou non, ils doivent se trouver
sur l'une ou l'autre sphère. Aux pôles de celui-ci, les deux sphères sont
confondues. (Pour bien comprendre,
n'oubliez pas que l'espace-temps lui-même est entraîné dans le mouvement de
rotation du TN). Si le plan de rotation des photons est quelconque par
rapport à l'axe de rotation, l'orbite de ceux-ci se situe entre les deux
sphères.
Plus le trou noir tourne vite sur
lui-même, plus les deux sphères sont séparées.
-
En se
rapprochant du trou noir, l'observateur va pénétrer dans l'ergosphère. C'est une région délimitée par la limite
statique à l'extérieur, et par l'horizon externe à l'intérieur, dans laquelle
rien ne peut rester immobile.
-
La limite
statique, c'est l'endroit limite en deçà duquel rien ne peut rester
immobile, même en se déplaçant à la vitesse de la lumière.
Cette limite est la conséquence de
l'entraînement de l'espace-temps en rotation par le TN lui-même.
Dans un trou noir de Schwarzschild, c'est
l'horizon qui représente la limite statique, puisqu'une fois celui-ci franchi,
on ne peut qu'aller vers la singularité.
Les deux horizons qui viennent ensuite
sont identiques à ceux d'un trou noir chargé et provoquent le même effet : la
permutation de l'espace et du temps a lieu deux fois, et la singularité est du
type spatial, donc évitable.
Plus le TN tourne vite sur lui-même, et
plus les deux horizons se rapprochent.
La singularité elle-même
possède la forme d'un anneau. De plus, si on l'approche autrement que par son
équateur, elle est répulsive. Ceci peut paraître surprenant, mais c'est le
résultat des équations de la métrique de Kerr.
Il devient donc
théoriquement possible de quitter le trou noir. Mais ce serait pour se
retrouver soit dans ce qu'on nomme "l'espace négatif" en traversant
la singularité, soit dans un autre univers.
Quelle est la signification
physique d'un "univers négatif"? C'est une question sans réponse précise
à l'heure actuelle. En continuant ainsi, il semble possible de passer d'univers
en univers. Le trou noir a ainsi fait apparaître une infinité d'univers.
Certains physiciens pensent que ces autres
univers ne sont en fait qu'une autre partie de notre unique univers (dans
l'espace et dans le temps), ce qui peut se produire dans l'hypothèse où notre
univers est replié sur lui-même.
La gravité en face de la
singularité étant répulsive, il y a présence d'une sphère des photons (toujours
de la forme d'un ellipsoïde) autour de la singularité elle-même, à l'intérieur
de l'horizon de Cauchy.
Si on regarde dans la singularité par les
pôles, on voit alors la lumière qui provient de notre univers, celle qui vient
de l'univers négatif, et celle émise par la singularité elle-même.
Dans la zone entre les deux horizons, la
lumière va se trouver infiniment décalée vers le bleu, de la même façon
qu'avant l'horizon extérieur elle était infiniment décalée vers le rouge pour
l'observateur : on peut considérer que le redshift gravitationnel à l'approche
de l'horizon correspond à un transfert de l'énergie des photons en énergie
gravitationnelle. De l'autre coté de l'horizon, c'est le transfert inverse qui
se produit.
L'observateur va donc "baigner"
dans une mer de radiations gamma. Tout au moins en théorie, parce que toute
perturbation sur l'horizon de Cauchy va rendre celui-ci singulier (au sens
mathématique du terme). Une nouvelle physique est donc à inventer pour traiter
ce cas.
Tout ce que nous venons de dire à propos d'un TN
en rotation s'applique également s'il est chargé.
La théorie de la relativité générale d'Einstein
décrit la gravitation comme une courbure de l'espace-temps. Plus la masse est
concentrée, plus cette courbure est prononcée.
Si nous dessinons la trame de
l'espace-temps sous la forme d'un plan (en réalité il y a 4 dimensions : 3
d'espace plus le temps), nous pouvons de manière très imagée visualiser cette
déformation.
Figure 4 : déformation de l'espace
temps causée par une étoile
Dans le cas d'un trou noir, la déformation
n'a peut-être pas de fin : il y aurait une déchirure dans la trame de
l'espace-temps. L'usage du conditionnel s'impose ici, car nous entrons dans un
domaine où les certitudes deviennent rares...
Dans cet espace-temps, la
lumière suit le plus court chemin. Si l'espace est plat, c'est à dire non
déformé, ce chemin est bien évidemment une droite.
Au voisinage d'une masse, ce n'est plus le
cas : cette masse peut ainsi agir sur la lumière de la même manière que le
ferait une lentille optique.
Figure 5 : Effet de lentille
gravitationnelle
Attention : ce schéma est très simplificateur.
C'est l'espace-temps dans son ensemble qui est déformé, ce qui signifie que non
seulement l'espace, mais aussi le temps lui-même est modifié par la masse centrale
Plus la masse est concentrée, plus l'effet
est important. C'est ainsi qu'un trou noir seul peut être détecté s'il se
trouve entre une étoile et nous.
Par le même effet de perturbation des
trajets lumineux, nous pouvons essayer de deviner à quoi ressemble un trou noir
qui posséderait un disque d'accrétion :
Figure 6 : Trou noir avec disque
d'accrétion.
La déformation de la lumière
le ferait ainsi ressembler à cet espèce de chapeau.
Deux équipes indépendantes
pensent avoir repéré l'horizon des événements, la frontière des trous noirs
d'où rien ne peut jaillir.
Enfin, l'horizon des trous noirs commence
à se profiler… à l'horizon. Lors d'un congrès de la Société d'astronomie
américaine, qui se tenait le 11 janvier dernier à San Diego, deux équipes
d'astronomes ont annoncé avoir observé, de manière indirecte, cette enveloppe
théorique que ni lumière ni matière ne peut franchir.
Les scientifiques américains et irlandais
du premier groupe ont étudié avec attention les données recueillies par le
satellite américain Chandra et quelques-uns de ses prédécesseurs, comme Rosat.
Ils se sont intéressés à douze novae X, des astres qui restent endormis pendant
des décennies puis se réveillent en émettant fortement des rayons X. Depuis
plusieurs années déjà, les spécialistes admettent qu'il s'agit de systèmes
binaires, constitués d'une étoile de faible masse en orbite autour d'un objet
beaucoup plus compact, une étoile à neutron ou un trou noir. Les bouffées de rayons
X sont provoquées par la chute de matière de la première sur le second. En
comparant les douze novae X au repos, les astronomes ont découvert que celles
contenant un trou noir, repérées par les mouvements de l'étoile compagnon,
émettent cent fois moins d'énergie que leurs consœurs formées d'une étoile à
neutron. Comment expliquer un tel phénomène ? Pour les scientifiques, la
réponse tient en trois mots : horizon des événements.
Un trou noir se définit comme une région
de l'univers d'où ni lumière ni matière ne peut s'échapper. C'est une sorte de
puits sans fonds creusé dans le tissu de l'espace-temps. Prédit par la théorie
de la relativité d'Einstein, l'horizon des événements représente sa frontière.
Dans une nova X, si l'objet compact est une étoile à neutrons, l'énergie
provient du contact de la matière de son compagnon avec sa surface. Dans le cas
d'un trou noir, énergie et matière disparaissent tout bonnement. Les
scientifiques estiment néanmoins qu'une toute petite partie de l'énergie arrive
à s'enfuir avant d'atteindre l'horizon. Voilà qui expliquerait la très faible
luminosité des quelques novae X hébergeant un trou noir que les chercheurs ont
étudiées. En somme, s'ils n'ont pas réussi à observer directement la cause, ils
ont pu tout au moins découvrir son effet. "Observer
la matière entrer dans un trou noir, c'est un peu comme être assis en amont
d'une chute d'eau et regarder l'eau disparaître, indique Ramesh Narayan,
membre de l'équipe et astronome au Centre d'astrophysique Harvard-Smithsonian. En revanche, si la chute est remplacée par
un barrage – la surface d'une étoile à neutrons – alors l'eau s'accumule et un
lac se forme."
Une autre indication de l'existence de
l'horizon des événements est venue d'une seconde équipe, armée cette fois du
télescope spatial Hubble. Les astronomes du Centre de vol spatial Goddard ont
passé au crible trois séries de données fournies par le photomètre à haute
vitesse de Hubble, en juin, juillet et août 1992. Le télescope spatial était
alors pointé vers Cygnus XR-1, la première source de rayons X où la présence
d'un trou noir fut avérée. Parmi les millions d'informations, Joseph F. Dolan a
repéré deux singularités, des fluctuations chaotiques de la lumière dans
l'ultraviolet, constituées de six et sept flashes s'éteignant rapidement. Or,
c'est exactement ce qu'on pourrait s'attendre à voir à proximité d'un trou
noir. En tournoyant, les gaz chauds l'enserrant semblent pulser, la longueur
d'onde de leur lumière augmentant sous l'effet de l'intense champ gravitationnel.
"Il existe néanmoins une probabilité
pour que ces deux événements soient une variation statistique qui imite le
comportement de la matière à proximité d'un trou noir," souligne
Joseph Dolan. Cependant, les résultats correspondent exactement à la théorie décrivant
le passage de matière à travers l'horizon des événements. Malgré l'absence de
preuve directe, tout laisse donc à penser que la frontière des trous noirs
existe bel et bien.
En 1973, S. Hawking commença
à étudier l’effet du principe d’incertitude sur une particule dans
l’espace-temps courbé avoisinant un TN. Et il se rendit compte que
contrairement à ce qui pouvait être supposé, un TN serait capable de ré éjecter
des particules. En effet, d’après le principe d’incertitude qui affirme que
l’on ne peut avoir des informations précises à la fois sur la position et la
vitesse, il peut arriver qu’une particule voyage plus vite que la lumière
pendant un court laps de temps…et auquel cas elle échapperait donc à l’attraction
du trou noir. Il est clair que ce laps de temps est extrêmement court, mais
d’un autre coté, il suffit que la particule franchisse la distance qui la
sépare de l’horizon d’événement du TN. Ceci ne pourrait pas être vraisemblable
pour un TN de taille "normale" comme ceux dont nous avons parlé
précédemment (quelques dizaines de kilomètres de rayon)parce que la particule
devrait parcourir plusieurs kilomètres à une vitesse supraluminique, mais
pourrait être supposé pour des micros TN ou trous
noirs primordiaux, qui auraient la taille
d’un atome (quelques dizaines de nanomètres), mais pouvant peser jusqu’à un
milliard de tonnes, soit le poids du Mont Fudji. Ceux-ci seraient apparus au commencement
de l’Univers et tapiraient l’Univers. Cette découverte a été une des premières
corrélations significatives entre la théorie de la relativité et de la
mécanique quantique. Elle montre que peut-être les particules ne terminent pas
leur histoire dans une singularité de densité tendant vers l’infini :
elles pourraient sortir du TN et terminer leur histoire ailleurs. De cette
façon, on peut voir une autre fin pour un TN que la singularité de densité
infinie prédite par la relativité générale : au fur et à mesure que le
nombre de particules pouvant s’échapper augmente, le volume du TN diminue et
pas conséquent le passage vers l’extérieur devient facile : l’émission
sera ainsi de plus en plus rapide jusqu'à ce que les trous noirs "fondent
entièrement". Bien sur, vu l’énorme densité d’un TN, le temps que cela
prendrait est extrêmement long a notre échelle humaine : un TN de la masse
du Soleil mettre 1066 ans à disparaître, tandis que les trous
primordiaux devraient s’être évaporés au cours des 1.109 années
depuis le Big bang et devraient être des sources de rayons gamma durs avec une
énergie de…environ quelque 100 millions d’eV.
Comme nous
l’avons vu, si la vitesse d’évaporation augmente de manière exponentielle, la
dernière phase d’évaporation devarit se terminer en une énorme explosion. Sur
la base de la théorie des quarks (toute particule est constituée de quarks – il
y a 6 types de quarks en tout), cette explosion équivaudrait à celle 10
millions de bombes à hydrogène de 1 mégatonne. Selon R. Hagedorn du CERN pour
qui il existe en fait une infinité de particules de masse de plus en plus
élevée ; au fur et à mesure que le TN se rapetisse et se réchauffe, il
émet de plus en plus de particules différentes et à ce moment la, …l’explosion
serait peut-être 100 000 fois plus importante que celle calculée précédemment.
L’observation d’un TN apporterait donc des informations décisives sur la
théorie des particules.
Figure 7 : L'Univers, vue d'artiste